Retrouver la sexualité après l'épreuve

Publié le 16/05/2025
Retrouver la sexualité après l'épreuve

À l’aube de la quarantaine, un mot étrange est entré dans ma vie. Une tumeur cérébrale. Une opération éveillée. Et après cela, un corps à réapprivoiser.

L'essentiel est revenu. Mais tout ne s'est pas recollé d’un coup. Il m’a fallu du temps pour me retrouver, pour réapprendre à marcher, à sentir, à désirer. Pour me réconcilier avec mes contours.

Car non, guérir ne signifie pas retrouver la vie d’avant. Le corps a changé. Le regard sur soi aussi. Il faut parfois tout redécouvrir : comment on bouge, comment on ressent, comment on désire.

La sexualité, dans ce contexte, devient un territoire inconnu. À réexplorer avec douceur, patience… et parfois sidération. Je me suis surprise, à plus de 40 ans, à poser des questions qu’on croit réservées à l’adolescence : comment ça fonctionne ? Qu’est-ce que je suis censée ressentir ? Pourquoi est-ce que je perds pied quand le plaisir surgit ?

Pendant un temps, mon corps disjonctait aux moments les plus intimes. Et je n'avais pas de mots pour ça. On ne m’en avait jamais parlé. J’étais seule face à ce mystère, entre neurologie et sensualité, entre silence médical et trouble intime.

Est-ce rare ? Peut-être. Mais surtout, c’est peu raconté. Peu entendu. Peu reconnu.

C’est pour cela que je parle aujourd’hui. Parce que je sais ce que c’est de ne pas savoir, de ne pas oser, de ne pas trouver d’espace où déposer ses questions. Parce que je sais qu’on peut se sentir en trop, à côté, illégitime… surtout quand on vit avec un handicap ou un corps qui ne rentre plus dans les cadres attendus.

En tant que sexothérapeute, j’accompagne des personnes en décalage, en transition, en reconstruction. Des corps qui doutent, qui changent, qui cherchent.

Et je veux dire : le handicap a sa place dans les questions de sexualité. Il ne l’efface pas. Il la transforme. Il demande qu’on l’écoute autrement.

 

J’ai fait de cette expérience intime un levier.
Un levier pour écouter, comprendre, accompagner celles et ceux qui, à leur tour, traversent des zones de flou, d’inconfort ou de transformation.

Mon travail ne consiste pas à dire comment faire.
Il consiste à offrir un espace clair et fiable pour questionner, ressentir, reconstruire.

Chaque chemin est singulier. Et il mérite d’être accueilli tel qu’il est.

Avec des paroles, avec des silences.

Sophie Avril

 

← Retour aux actualités